À la une,  Art & Culture,  Art & Culture,  Concert,  Musique

Estelle Persiaux (violoncelliste) : « FH est mon compagnon de voyage ! »

Estelle Persiaux est une musicienne passionnée par les planches des opéras et toujours accompagnée de son violoncelle, avant de porter secours à la population. infos-reportages magazine vous propose de découvrir son portrait sans plus tarder.

infos-reportages. — Qui es-tu et d’où viens-tu ?

Estelle. — Je m’appelle Estelle Persiaux, je suis en dernière année de Master de violoncelle, réserviste chez les Pompiers de Paris et bénévole à la Protection Civile. Je viens de Paris, où j’ai fait une grande partie de mes études. Pour ma licence je suis allée à Lyon, et en ce
moment je suis à Stuttgart pour un Erasmus d’un an.

Comment alternes-tu la vie de violoncelliste, de Sapeur-Pompier de Paris, et de bénévole à la Protection Civile ?

Tout est une question d’organisation ! Je pose mes gardes chez les pompiers (de 12, 24 ou 48 heures) quand je peux, et quand il y a besoin de remplacer quelqu’un à la caserne. A la Protection Civile, où je suis bénévole où je fais environ, 1-2 maraudes par mois, et quand j’ai le temps, je m’inscris sur un poste de secours ou une garde. A la Protection Civile, je suis aussi responsable des partenariats et des dons, et je gère une partie des réseaux sociaux. Je profite donc de mes nombreux trajets en train pour planifier mon emploi du temps, et m’avancer sur le plus de choses possibles. Notamment répondre aux mails, réaliser quelques posts pour les réseaux…

Les Jeux de Paris 2024 vont-ils te donner encore plus de travail ? Quel rôle souhaites-tu jouer dans cet événement planétaire ?

Cela va en effet être un grand moment ! D’ici Paris 2024, j’espère monter en compétences au niveau du secourisme, pour pouvoir avoir plus de responsabilités en intervention et me sentir le plus utile possible. Je suis en train de passer mon brevet de sauveteur aquatique (BNSSA, ndlr), et je sais qu’il me servira aussi pendant cette période !

Pendant la pandémie du Covid-19, as-tu improvisé des concerts pour tes voisins pour donner une belle harmonie comme plusieurs musiciens l’ont réalisé ? Raconte-nous cette période.

Hélas, à cette époque nous avions de gros problèmes avec un voisin, (lui-même musicien), mais il ne supportait pas que nous jouions en même temps que lui. Tout comme ma famille, j’ai donc arrêté de jouer à la maison. En revanche, je me suis beaucoup impliquée avec le secourisme. J’ai participé aux acheminements des malades vers Mulhouse avec les TGV médicalisés, j’ai posé plusieurs gardes, pendant lesquelles je passais 90% du temps en tenue Covid.

Que représente le violoncelle pour toi ?

A l’âge de 4 ans, lorsque j’ai commencé le violoncelle, je le considérais comme mon petit frère, puis plus tard je disais que c’était mon amoureux. Aujourd’hui, il a son petit nom : FH, qui vient des initiales du prénom du luthier qui l’a fait naître (François Hippolyte Caussin). C’est mon compagnon de voyage, dans l’avion il est assis sur le siège à côté de moi, mon compagnon de vie, il est toujours sur mon dos (dans le bon sens du terme) !

Peux-tu présenter ton parcours en tant que violoncelliste ?

Je viens d’une famille de musiciens, et j’ai toujours entendu de la musique à la maison. A l’âge de 4 ans, j’ai suivi mes parents au Japon où ils donnaient des concerts. Après avoir entendu un violoncelliste, j’ai tout de suite dit à mes parents que je voulais en jouer. Ils ont d’abord pensé que c’était un caprice qui me passerait, alors ils m’ont fait essayer le violon qu’il y avait à la maison. Finalement c’est bien le violoncelle que je préférais ! Ils m’ont trouvé une professeur, qui venait chaque semaine chez moi me donner cours. J’étais son élève la plus jeune. 4 ans plus tard, je suis rentrée au CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional) de Paris avant d’entrer en licence et en master au CNSMD (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Lyon, et pour ma dernière année de master, je suis
allée étudier à Stuttgart, en Allemagne. Pendant tout ce temps, j’ai eu la chance de pouvoir voyager pour des concerts (Japon, Allemagne, Russie, Bulgarie, Angleterre…), jouer sous la baguette de grands chefs d’orchestre comme le maestro Gustavo Dudamel, ou encore le grand Vello Pähn, et surtout jouer en famille comme en trio avec mes sœurs et mes
parents.

Quel a été le premier morceau que tu as joué ? Quelle est ta dernière interprétation ?

Mon premier morceau a été le prélude de la première Suite de Bach. Je l’ai jouée d’oreille, après l’avoir écouté en boucle. Ma professeur m’a ensuite acheté le recueil des Suites, partition dont je me sers toujours ! La dernière pièce, c’est Who Cares? de Georges Gershwin, jouée en orchestre dans la fosse de Garnier pour un ballet de Balanchine. Musique de comédie musicale, batterie dans la fosse… Mémorable !

Quels sont les lieux prestigieux dans lesquels tu as joué ? Où rêverais-tu de jouer ?

J’ai eu la chance de jouer dans de magnifiques salles dans plusieurs villes du Japon, et j’ai hâte de les retrouver cet été ! J’ai également joué à l’Opéra de Paris, dans les fosses de Garnier et Bastille. J’étais assise à côté de mon père, c’était un rêve de petite fille qui se réalisait ! J’ai également joué à la salle Pleyel, pour accompagner Zaz, j’en garde un merveilleux souvenir!

Quels sont tes projets musicaux de cette année ?

Le grand projet, c’est le voyage cet été au Japon avec ma mère et ma petite sœur pour une série de concerts. J’y suis déjà allée plusieurs fois, et c’est toujours très intense, mais très enrichissant ! Nous avons entre 1 et 3 concerts par jour, pendant 3 semaines. Nous partons également en famille à Hambourg pour 2 concerts. Autrement, j’ai aussi mon examen final de Master, c’est un moment qui me tient à cœur, qui va clore toutes mes années d’études.

Pour quelle cause souhaiterais-tu t’engager lors de tes prochains concerts ? Pour quelle
raison ?

Je suis en train d’organiser un concert caritatif pour Les Petits Princes, une association qui réalise les rêves des enfants malades. Cela me tient à cœur de mêler ma vie de musicienne avec mes engagements associatifs. J’aimerais aussi beaucoup rejouer dans des lieux où la musique n’a pas encore sa place (maisons d’arrêt, hôpitaux, centres de rééducation…). Je garde des souvenirs très émouvants de ces lieux, des moments de partage et beaucoup d’émotions.

Qui souhaites-tu remercier ?

Merci à toi Benjamin de m’avoir proposé cette interview ! 🙂

Où pouvons-nous te retrouver ?

Sur ma page Instagram fraîchement lancée @estellevioloncelle ou à la caserne de Château-Landon à Paris. Merci !

Propos recueillis par Benjamin Rémon
Images : © Estelle Persiaux

Co-founder of infos-reportages • Photographer based in Paris •

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *