Yukari Goda, une pianiste à coeur ouvert.
infos-reportages.—Yukari, Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?
Yukari Goda.— Je m’appelle Yukari Goda, je suis née à Ehimé sur l’île de Shikoku au Japon.
Quel est votre parcours musical ?
J’ai commencé le piano à l’âge de 3 ans. Mes parents m’avaient offert un piano droit de la marque KAWAI. J’ai toujours eu beaucoup de gratitude pour mes parents de m’avoir offert un vrai piano depuis le départ. A partir de l’âge de 7 ans, j’ai commencé chaque année à participer au concours nationaux au Japon. A cette époque, mon professeur de piano était très sévère, ma mère mettait aussi beaucoup de pression sur moi. Je m’entrainais 2 h par jour.
Comment trouvez-vous vos inspirations pour vos compositions?
Mes parents n’étaient pas des musiciens professionnels, mais mon père adorait jouer de la guitare. Quand mon père jouait de la guitare, ma mère semblait heureuse en l’écoutant. C’est ce que nous a fait aimer la musique à mon petit frère et moi. Lorsqu’il faisait une sieste tout en m’écoutant jouer du piano, il disait se sentir comme au paradis. Pour moi, ses mots étaient une oasis durant mes longues répétitions.
A l’âge de 12 ans, j’ai remporté pour la 1ère fois le concours national de piano au Japon. Le morceau qui a été choisi pour le concours était celui de Debussy. Jusqu’ici cela avait toujours été Bach, Mozart ou Beethoven. J’ai poursuivi mes études en musique à l’Université de musique de Kunitachi à Tokyo et passé 4 années dans cette école supérieure de musique.
Puis, l’été 1998, pendant deux semaines, j’ai participé à un stage de musique à Nancy en France. C’était la 1ère fois que j’étudiais le piano avec un professeur français.
Entre le Japon la France, quelles sont les méthodes d’enseignements qui vous marquent le plus ?
Au Japon, l’importance est donnée à la technique, si l’on suit le professeur à la lettre, on est certain de réussir. En France, c’était le contraire, on peut jouer librement, le professeur me disait “comme tu veux” et j’avoue que j’étais un peu perdue au départ.
En 1999, le 7 septembre, pour la première fois, avec de grands rêves et une valise, je suis partie de Tokyo pour Paris. J’ai fait le voeux de toujours garder courage et de m’épanouir dans cette ville. Au Japon, les maisons sont faites de bois, le sol est recouvert de tatami. Les pianos au Japon sont en parfait état de fonctionnement alors qu’en France chaque piano a sa personnalité. Cela représente bien les différences que l’on trouve entre les japonais et les français.
Lorsque j’étais enfant, le professeur me disait “ joue comme le son lointain d’un clocher.” ou bien “un son qui rappelle la lumière qui passe au travers des vitraux”. Je n’arrivais pas à me représenter ces images. Mais aujourd’hui, tous les dimanches matins, le clocher près de chez moi résonne dans mon appartement, ce qui me rend très heureuse. Au Japon, lorsqu’on assiste à un concert de musique classique, il faut porter un costume.
En France, les gens vont en tenue de tous les jours à des concerts qui se passent partout à droite à gauche. Même si l’on porte une robe de soirée ou un costume, on est toujours capable d’apprécier la musique. En France, il y a une liberté, mais elle s’accompagne de responsabilité.J’ai envie de continuer à jouer du piano ici, dans cette France dont je suis tombée amoureuse à l’âge de 12 ans.
Continuer à échanger sur le thème de la musique avec les français. Un jour, j’aimerais trouver un piano que j’adore et posséder une grande salle pour faire des concerts. C’est mon rêve.
L’éducation au Japon:
Tout part de l’oreille. Même pendant les cours particuliers, ma mère était assise juste à côté de moi. Pendant que je travaillais à la maison également. Elle m’a fait écouter plusieurs fois des morceaux pour me forger une oreille musicale. Comme le nourrisson qui apprend à parler naturellement, les enfants essaie de suivre l’exemple de leur mère et professeur, répètent les mêmes gestes pour jouer du piano de façon naturelle.
Comme il s’agit d’une répétition, de jouer plusieurs fois la même chose, cela requiert de la patience de la part des parents et des professeurs.
Un point négatif: on ne peut pas lire les partitions tout seul.
L’éducation en France:
Tout part de la vision.
On commence par le solfège. Avant que l’enfant commence à parler, on lui apprend à écrire et lire. Les mères françaises laissent souvent faire le professeur. En France, on laisse faire les professionnels. On s’en remet à eux les yeux fermés.
Un point négatif: C’est difficile pour les enfants de se mettre au diapason, au niveau qui leur est demandé depuis le départ. Mais si tout se passe bien, ils peuvent lire les partitions et progresser rapidement.
Quel est votre style musical?
Mon style de musique préféré est la musique classique. C’est celui qui raisonne le plus dans mon cœur.
Avez-vous réalisé des concerts depuis votre arrivée à Paris ?
J’aime donner des concerts privés pour des particuliers, dans des hôtels particuliers par exemple.
Comment trouvez-vous vos élèves ?
Je trouve mes élèves par le bouche à oreille principalement.
Certains ont-t ‘ils gagné des concours grâce à vous ?
Oui, j’aide les étudiants du conservatoire à passer les concours. J’apprécie la musique produite à un endroit particulier dans une ambiance particulière avec l’énergie du moment.
Citez-nous une phrase japonaise qui vous touche particulièrement concernant la musique ?
Pour moi, la musique est une source d’enrichissement de l’esprit.